Fonctionnement d'un ITK

Les ITK : Inhibiteurs de Tyrosine Kinase

Qu'est-ce que c'est ?

En oncologie, il existe plus d’une centaine de thérapies anticancéreuses par voie orale disponibles sur le marché. Parmi celles-ci, les inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) représentent une soixantaine de molécules. Les ITK interagissent particulièrement avec les récepteurs de tyrosine kinase, situés sur la membrane des cellules. En interagissant avec ces récepteurs, l’inhibiteur bloque la transmission des différents signaux permettant la prolifération anarchique des cellules. Ces thérapies induisent des toxicités différentes de celles des chimiothérapies due à leur sélectivité et leur fonctionnement. Cette page permet de comprendre la gestion de ces toxicités et les différents rôles des professionnels de santé impliqués dans le suivi du patient traité par ITK.

Recommandations générales sur la prise orale des ITK

À heure fixe

La prise d’ITK doit être prise de manière régulière à un moment précis de la journée. Faire coïncider la prise avec une activité quotidienne du patient (lire le journal, émission de TV…) et l’utilisation d’outils de rappel (alarme, pilulier…) permettent de diminuer le risque d’oubli.

En dehors des repas

La plupart des ITK sont à prendre à distance des repas, c'est-à-dire 1h avant un repas ou 2h après. La prise du traitement est espacée des repas afin d’éviter toute interaction avec les aliments. Les modalités d'administrations sont spécifiques à chaque traitement et sont à vérifier auprès des acteurs du parcours de soin.

Où que vous soyez

La thérapie orale améliore le confort de vie du patient. Ce mode d’administration supprime certaines contraintes, en diminuant le nombre de rendez-vous à l’hôpital notamment. La thérapie orale s’adapte aux activités journalières du patient et facilite les déplacements. Il est important de rester observant même si les rendez-vous sont plus espacés.

Les acteurs du parcours de soin

1. Médecins
2. Infirmiers
3. Pharmaciens
4. Patients

Le rôle du pharmacien dans la prise en charge des patients sous ITK

Pr Antonin Schmitt - Pharmacien hospitalier, CGFL Dijon

Le traitement par ITK nécessite des modalités de prise qui varient selon la molécule. Lors de l’initiation du traitement par ITK, il est important de bien comprendre ces modalités. La biodisponibilité de la molécule, c’est-à-dire la quantité de médicament retrouvé dans le sang, détermine si l’ITK doit être pris pendant ou à distance des repas. La prise d’ITK étant quotidienne, il est également important de connaître la démarche à suivre en cas d’oubli. Les effets indésirables des ITK sont bien connus des professionnels de santé ainsi que leur gestion.

Pr Antonin Schmitt - Pharmacien hospitalier, CGFL Dijon

Le pharmacien hospitalier, suite à la consultation avec l’oncologue, va discuter des modalités de prises du traitement, des principaux effets indésirables ainsi que leur gestion. Il va également souligner l’importance de l’observance avec le patient. Une attention particulière est accordée aux interactions médicamenteuses possibles par rapport aux habitudes du patient. En lien avec l’oncologue, il peut alors proposer une adaptation du traitement ou de la posologie pour réduire ces interactions médicamenteuses.

Dr Maryse Garenaux-Lionne - Pharmacienne d'officine, Plumeliau Bieuzy

La plupart des ITK sont délivrés au patient en pharmacie de ville. L’officine est l'occasion pour le patient de poser ses questions sur son traitement et les modalités de prise du médicament. Le pharmacien met en garde contre les produits susceptibles de perturber l’action du traitement et donne des conseils sur les gestes à adopter pour prévenir des effets secondaires et améliorer le confort de vie du patient.

Le rôle des infirmier(e)s dans la prise en charge des patients sous ITK

Mme Olivia Pollet

Infimière de coordination, IUCT Oncopole Toulouse

Un traitement par prise orale ne nécessite pas d’hospitalisation pour son administration, contrairement à d’autres traitements, tels que la chimiothérapie ou l’immunothérapie. Cela entraîne donc la mise en place d’un suivi pour le patient spécifique et adapté. Dans cet objectif, les centres s’organisent avec notamment des entretiens infirmier(e)s /patient pour vérifier la compréhension du patient à la fois sur son traitement, sa prise et sur les effets indésirables potentiellement induits par ce traitement. L’infirmier(e) de coordination assure le lien ville/hôpital et fait le lien entre tous les professionnels de santé encadrant le patient.

Mr Nicolas Leforetier

Infirmier libéral, L'Isle-Adam

Les infirmier(e)s libéral(e)s sont les interlocuteurs les plus proches des patients. Ils sont garants de l’observance du patient, c’est-à-dire qu’ils vérifient que le traitement est pris correctement et régulièrement selon les recommandations. Les infirmier(e)s libéral(e)s ont aussi un rôle dans la surveillance de la survenue d’effets indésirables : ils vont les évaluer afin d’orienter rapidement le patient vers un spécialiste pour une prise en charge précoce et adaptée.

La gestion des toxicités induites sous ITK

Dr Elise Paven

Cardiologue, CHU de Rennes

Les ITK peuvent induire des toxicités cardiaques dont la plus fréquente est l’hypertension artérielle aussi appelée HTA. Le patient a un rôle central à jouer à la fois dans la surveillance de l’apparition de ces effets indésirables et des signes d’alertes, mais également dans la communication de ceux-ci aux professionnels de santé afin de permettre une prise en charge efficace. Par exemple, le patient doit surveiller sa tension régulièrement et alerter dès que les valeurs ne sont plus dans la norme.

Dr Guiliana Amaddeo

Onco-hépatologue, Hôpital Henri-Mondor AP-HP, Paris

Les toxicités digestives prépondérantes par traitement sous ITK sont des troubles du transit digestif et plus particulièrement des diarrhées. Les mesures de prévention pour gérer au mieux cet effet indésirable est d’adapter sa vie quotidienne en surveillant son alimentation et en s’hydratant beaucoup. Des traitements préventifs ou curatifs pourront être mis en place afin de soulager ces troubles du transit. Ces traitements sont compatibles avec la prise d’un ITK.

Dr Aude Fléchon

Oncologue médicale, Centre Léon Bérard, Lyon

Les ITK peuvent induire des toxicités hormonales notamment un dérèglement des hormones thyroïdiennes. C’est pour cela que le dosage hormonal est contrôlé à la fois avant la mise en place du traitement ou tout au long de ce traitement. Le dérèglement le plus fréquent est une hypothyroïdie où le principal symptôme ressenti est une forte fatigue. Cet effet ne nécessite donc pas une adaptation du traitement mais un suivi régulier par l’oncologue.

Avec le soutien institutionnel des laboratoires

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